Ran7.2 – Interview

Interview with Stéphane Raveyre

Saillant,
At the foot of the chapel steps,
Friday July 6, 2018

STÉPHANE RAVEYRE : You are in the process of putting together a second version of RAN 7 for the Rencontres de La Saillante… What was RAN 1?

THOMAS COLLET: In fact RAN is a way of assembling colored monotypes on paper. I started with the artist Shichio Minato who taught me engraving. He produced monotypes, I tried this color work – which I was already experimenting with painting – and I made two plates that I cut out and tore. There was a black one and a flesh colored one. And I kept them for years. From time to time, I took them out, and wondered how to put them together. I felt there was a connection to the skin. I had fixed them on the wheel of the engraving press, hung with staples, and suddenly I saw that they looked like armor scales. There is a whole talk of color in Kurosawa(1) and at the same time, these colors, these scales of armor, it’s like an army, thousands of men who create protection for just one. They all have the same color but they are individuals… It came from there.
Then, I laid them by tiling, gluing them. It wasn’t enough. I really liked the mobile side… For RAN 7, we are at this point of evolution. It’s placed on nails. It’s just laid out. I find that there is something that works well with nails, in the idea, in the form. It’s good, because it forces me to work differently from painting, where I work very quickly, there is little time to complete. Whereas here, it’s very long, there are only small pieces that you put in, it’s a kind of accumulation. In all RANs, there is a mathematical relationship. In RAN 5 or RAN 6, there were 3 passages of color to obtain the finale, in superposition of color, with the idea of aging things, of giving them experience. There were 24 different pieces of 64 engravings for 3 color passages.

S.R.: With RAN 7, which you first created at Ateliers Morse in St-Etienne, you moved from working on color to working on installation, volume…

T.C: Yes, it wasnʼt thought of like that, I realized it afterwards. Indeed there is a dimension of volume, in fact. Because itʼs big, it goes up, it takes up space, itʼs considered installed in a space… Whether itʼs more sculpture or architecture, I donʼt know. It’s the relationship to painting that interests me. Because in painting you are in a reduced space and you are only going towards the inside of this space. And with RAN, by assembling my engravings, it’s endless. I no longer have any questions about edges, there are no more limits. And itʼs a real work of palette. Itʼs also very interesting for me. This old dream… I took bigger and bigger canvases… I think it’s also that: the need to spread myself out, and then not have these limits. It’s the completely opposite idea of painting in this aspect. There is also something from my experiences with the world of entertainment, whether dance or theater, that comes into play. There still has to be something a little… spectacular. When you enter the chapel, let there be a shock. How can we be fair with this story? I’m also looking for musicality. There’s a bit of everything I’ve experienced that can be found in this giant Lego… What I like about Series 7 is that I can work on it for years and years, add pieces, put it differently… At the Théâtre Le Verso, in Saint-Etienne, I will present it even differently. I think I’m going to keep it for a little while longer, not spread myself too thin, in order to be able to offer this type of intervention, of installation. And then continue other RAN series on experiments on natural color.

S.R.: With RAN 7, comes the question of the resonance of the work with the
place.

T.C: You have to be able to be welcomed by the place and then it becomes a whole thing. It’s successful from the moment when the place like the work, everything is together, everything is normal, everything is obvious… And then the editing, placing the engravings, it’s a hell of a moment. Because it’s a gesture…The speed…I like it…There is a performance side.

S.R.: How many boxes will there be placed?

T.C: I think I’ll be in the 1200s.

Entretien avec Stéphane Raveyre

Saillant,
Au pied des marches de la chapelle,
vendredi 6 juillet 2018

STÉPHANE RAVEYRE : Tu es en train de monter une seconde version de RAN 7 pour les Rencontres de La Saillante… RAN 1 c’était quoi?

THOMAS COLLET : En fait RAN cʼest une manière dʼassembler des monotypes de couleur sur du papier. Jʼavais commencé avec lʼartiste Shichio Minato qui mʼa appris la gravure. Il produisait des monotypes, jʼai essayé ce travail de couleur – que jʼexpérimentais déjà avec la peinture – et jʼavais fait deux plaques que jʼavais découpées, déchirées. Il y avait une noire et une couleur chair. Et je les ai gardées pendant des années. De temps en temps, je les sortais, et je me demandais comment les assembler. Je sentais quʼil y avait un rapport à la peau. Je les avais fixées sur le volant de la presse à gravure, accrochées avec des agrafes, et dʼun coup jʼai vu que ça faisait comme des écailles dʼarmure. Il y tout un propos de couleur chez Kurosawa(1) et en même temps, ces couleurs, ces écailles dʼarmure, cʼest comme une armée, des milliers dʼhommes qui créent une protection pour un seul. Ils ont tous la même couleur mais ce sont des individus… Cʼest venu de là.
Ensuite, je les ai posées en tuilant, en les collant. Ça ne suffisait pas. Jʼaimais bien le coté mobile… Pour RAN 7, on en est à cette évolution- là. Cʼest posé sur des clous. Cʼest juste posé. Je trouve quʼil y a un truc qui fonctionne bien avec les clous, dans lʼidée, dans la forme. Cʼest bien, parce que ça mʼoblige à travailler différemment de la peinture, où je travaille très rapidement, il y a peu de temps de réalisation. Alors que là, cʼest très long, il y a que des petites pièces que tu poses, cʼest une sorte dʼaccumulation. Dans tous les RAN, il y a un rapport mathématique. Dans RAN 5 ou RAN 6, il y avait 3 passages de couleur pour obtenir le final, en superposition de couleur, avec lʼidée de vieillir les choses, de leur donner du vécu. Il y avait 24 pièces différentes de 64 gravures pour 3 passages de couleur.

S.R. : Avec RAN 7, que tu avais d’abord créé aux Ateliers Morse à St-Etienne, tu es passé d’un travail sur la couleur à un travail d’installation, de volume…

T.C : Oui, ce nʼétait pas pensé comme ça, je mʼen suis rendu compte après. Effectivement il y a une dimension de volume, de fait. Parce que cʼest grand, ça monte, ça prend de lʼespace, cʼest considéré comme installé dans un espace… Est-ce que cʼest plus de la sculpture ou de lʼarchitecture, je ne sais pas. Cʼest le rapport à la peinture qui mʼintéresse. Car en peinture tu es dans un espace réduit et tu ne fais quʼaller vers lʼintérieur de cet espace-là. Et avec RAN, en assemblant mes gravures, cʼest sans fin. Je nʼai plus de question de bords, il nʼy a plus de limite. Et cʼest un vrai travail de palette.Cʼest aussi très intéressant pour moi. Ce vieux rêve… Je prenais des toiles de plus en plus grandes… Je pense que cʼest aussi ça: le besoin de mʼétaler, et puis ne pas avoir ces limites. Cʼest la pensée complètement inverse de la peinture sur cet aspect-là. Il y a aussi quelque-chose de mes expériences avec le monde du spectacle, que ce soit la danse ou le théâtre, qui entre en jeu. Il faut quand même quʼil y ait un truc un peu… spectaculaire. Quand tu rentres dans la chapelle, quʼil y ait un choc. Comment être juste, avec cette histoire-là ? Je cherche aussi une musicalité. Il y a un peu tout ce que jʼai vécu qui peut se retrouver dans ce Lego géant…Ce qui me plait bien avec la série 7, cʼest que je peux la travailler pendant des années et des années, rajouter des pièces, la mettre différemment… Au Théâtre Le Verso, à Saint-Etienne, je vais la présenter encore autrement. Je pense que je vais encore la garder un petit moment, pas trop me disperser, afin de pouvoir proposer ce type dʼintervention, dʼinstallation. Et puis continuer dʼautres séries RAN sur des expérimentations sur la couleur propre.

S.R. : Avec RAN 7, vient la question de la résonnance de l’oeuvre avec le
lieu.

T.C : Il faut arriver à se faire accueillir par le lieu et puis après que ça fasse un truc entier. Cʼest réussi à partir du moment où le lieu comme lʼoeuvre, tout est ensemble, tout est normal, tout est évident… Et puis le montage, poser les gravures, cʼest un sacré moment. Parce que cʼest du geste…La rapidité… Jʼaime bien…Il y a un côté performance.

S.R. : Il va y avoir combien de cartons posés ?

T.C :Je pense que je vais être dans les 1200.

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