C’est en 2011 en préparant une exposition de mes eaux-fortes que j’agrafe presque machinalement ces monotypes entre eux par série de couleur, une rose, une noire. Je me revois, si fatigué par les courtes nuits de jeune père, les suspendant au volant de la presse dans cette petite pièce tapissée aux volets fermés et avoir une vision lumineuse en me reculant.
Je vois une scène du film Ran de Kurosawa. Je vois des écailles d’armures en gros plan, puis un plan plus large sur un soldat portant l’armure, puis un plan encore plus large sur une armée composée de soldats, de chevaux et de drapeaux. D’un coup, les deux armées deviennent des masses, des tas avec chacun sa couleur, bleus et rouges.
Cette succession d’éléments forme des corps toujours plus grands, par étapes ; ces éléments, quelque soit l’échelle, sont précaires et cependant, permettent à l’ordre d’émerger du chaos. Finalementcette scène n’existe pas telle quelle dans le film mais, dès lors, je nomme ce travail « Ran ».
Et depuis…