Le dispositif qui va porter les papiers et leur permettre de se trouver à différentes hauteurs des bassins doit être, lui aussi, un corps, un corps mécanique. Après la fabrication de la maquette, il m’est paru évident et fort qu’il s’agissait d’un vaisseau de bois, de poulies et de cordes.
Suspendus plutôt qu’assis, les papiers se balancent au bout de potences. D’avant en arrière, ils s’animent, frôlant le liquide du bassin au point d’équilibre de leur course. Là, ils s’abreuvent du bout des pieds, laissant une onde à la surface comme l’image d’un cri ou d’un chant rencontrant celui des autres individus, ce qui crée alors encore de nouvelles ondes et ainsi de suite nait un chœur silencieux et mobile.
Les cinq phases de l’installation — immersion, émergence, contamination, capillarité, levée — sont possibles à condition de pouvoir monter et descendre les papiers. Le vaisseau et ses potences supportent des fils au bout desquels sont les papiers. Ces fils forment des réseaux projetant leurs ombres aux murs, au sol et au plafond de la salle. L’organisation de ces réseaux est similaire à la table d’harmonie d’un piano, grande carcasse à corde, fabuleuse machine imaginée par les humains pour les humains.
Chacune de ces phases où l’on change de position verticale cette petite population ligneuse, sera réalisée par trois personnes actionnant les fils: trois Parques incarnées.
Ce sont les Parques qui dirigent un vaisseau dont les mâts font office de potence.
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